Le livre de Frédet est un ouvrage complet, qui rappelle d'abord de ce qu'il faut savoir sur la longue persistance du plan, et des tracés parcellaires du foncier. Qui évoque ensuite les raisons historiques de leur effacement. Qui insiste sur ce qui distingue et rend complémentaires la morphologie urbaine de l'étude typologique, dans ses dimensions constructive, spatiale et distributive, stylistique ou ornementale. Qui situe Paris au carrefour d'une influence germanique ou septentrionale, celle du pan de bois, et d'une influence italienne ou méridionale dans laquelle prédomine la maçonnerie, laquelle s'imposera progressivement avec la pénétration des modèles renaissants.L'auteur (qui longtemps a travaillé pour l'Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat, l'Anah) a exploré des dizaines de maisons (il en donne la liste), souvent in extremis, au moment de leur démolition ou de leur transformation, lorsqu'elles s'ouvraient et, comme dans une dissection, livraient le secret de leurs agencements. Il les a arpentées, mesurées, dessinées dans les moindres détails parce que le dessin, insiste-t-il, favorise "l'assimilation, sur laquelle se construit une mémoire" (son rôle est à la fois descriptif et de découverte). Il les a relevées "dans l'unité de mesure d'origine", afin de comprendre leurs standards, et donc dans le système duodécimal fondé sur l'ancien pied du roi. On eut du mal à l'abandonner, pas seulement parce qu'il était traditionnel et ergonomique mais aussi (comme le rappelait en son temps Jean-Baptiste Rondelet) parce que ce "système duodénaire de l'ancien pied" présentait "l'avantage d'avoir un plus grand nombre de diviseurs exacts, ce qui est d'une grande utilité dans les arts où il s'agit de proportions, et particulièrement pour l'architecture". Musique, architecture, construction sont dans une large mesure réglées par les proportions, en tout cas par la mesure, comme l'énonce un célèbre passage de l'Esthétique de Hegel que Fredet accroche en ouverture de la seconde partie, la plus technique et descriptive, de son livre. "C'est (écrivait Hegel) dans la maison, avec ses murs, ses piliers, ses poutres assemblées de façon cristalline et rationnelle, que se trouvent réalisés certains traits essentiels, dans leurs rapports tantôt simples, tantôt graves, tantôt grandioses ou gracieux."Il décrit six moments dans l'évolution de la maison parisienne, quatre types un peu idéaux, plus deux phases de transition, ce qu'il appelle "quelques images fixes de ce processus".213 planches pliées en quatre de 492*686 mm.

Niveau d'autorisation : Public