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Ouvrage

H 1 Gilles Clement/Philippe Rahm : environ(ne)ment, manières d'agir pour demain.

BORASI Giovanna (Directeur de publication)

Skira;Centre Canadien d'Architecture

2006

150 p

64 AMC

ENVIRONNEMENT

CLEMENT Gilles ; RAHM Philippe

« Penser non plus à partir des besoins humains mais de l'environnement ». Ce postulat, aujourd'hui largement défendu par les professionnels qui jugent nécessaire la priorité accordée à la notion de développement durable, reste pourtant largement interprétable. La démarche du paysagiste français Gilles Clément et de l'architecte suisse Philippe Rahm apporte une orientation nouvelle à cet engagement qui va au-delà des actions actuelles, souvent encore timides, en matière de protection de l'environnement. Avec des approches méthodologiques qui peuvent sembler contradictoires, G. Clément et P. Rahm parviennent néanmoins à des conclusions identiques : la qualité paysagère et architecturale est tributaire d'une redéfinition de la phase de conception du projet qui doit prendre en compte les données environnementales différemment.

2G. Clément opte pour une démarche basée sur le « Manifeste du Tiers paysage ». Partant de la constatation que la terre est un « jardin planétaire » dégradé par l'homme, il propose de laisser des zones de nature, même de petite superficie, redevenir « naturelle » afin d'assurer la conservation de la biodiversité. En iconoclaste averti, P. Rahm rompt avec le traditionnel adage hérité du modernisme selon lequel « la forme suit la fonction » pour énoncer que « la forme suit le climat ». La fonctionnalité d'un bâti-ment n'émergerait qu'en réponse à trois données climatiques (température, humidité, lumière) qui conditionneraient l'usage des espaces. Leur utilisation changeante serait le résultat d'un programme qui n'est plus inscrit a priori dans la conception du projet mais bien a posteriori. L'architecture s'affranchit ainsi de la fonctionnalité qui fige les espaces dans un usage déterminé pour devenir interprétable au gré des variations climatiques.

3Ces deux démarches aboutissent à une transformation totale de la méthode du projet. G. Clément renonce à la définition plastique classique du paysage pour s'appuyer sur de nouvelles valeurs. Subjugué par les phénomènes botaniques et biologiques, il n'entrevoit le projet paysager que comme l'expression d'un libre (re)développement de la nature avec une intervention humaine très limitée. P. Rahm inverse la méthode traditionnelle du projet architectural en libérant la construction des contraintes fonctionnelles et en appelant lui-même à de nouvelles valeurs environnementales. Toutefois, malgré la clarté du propos théorique et les quelques plans de projets des maisons Mollier et Archimède, on regrettera l'absence de projets plus aboutis -au contraire de G. Clément- qui auraient éclairés sur les résultats architecturaux attendus. Puisque les questions programmatiques et typologiques sont absentes de la phase de conception, quelle architecture nouvelle est-on en droit d'attendre ? La démonstration de P. Rahm convie à un exercice intellectuel difficile dans un contexte d'héritage fonctionnaliste encore très présent et oblige à une nécessaire remise en question des acquis de la modernité. L'ouvrage laisse entrevoir des orientations paysagères et architecturales profondément novatrices qui, sans doute, prépareront le terrain à de futures avant-gardes, voire à un courant théorique aussi profondément novateur que ne le fut le modernisme en son temps.

Niveau d'autorisation : Public

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