Plaisir, émotion et bien- être, des sensations étonnamment mêlées à une discipline scientifique, la géographie. Et pourtant, aujourd’hui, les neurosciences nous apprennent que les représentations sensorielles que nous construisons du monde qui nous entoure sont bien fonction de l’expérience vécue. C’est l’approche originale qu’a choisie Lucile Grésillon pour analyser notre relation aux lieux par le biais de nos cinq sens, en particulier l’olfaction. Déjà Bachelard parlait de l’odeur comme d’un « détail immense ». Faisant appel aux derniers résultats des neurosciences et partant d’exemples concrets, l’auteur pose des questions délicates : Quelle est l’importance de notre sensibilité dans la relation aux lieux ? Quelles interactions découvre-t-on entre les espaces et notre ressenti de bien-être ? Pour y répondre, elle rend compte avec fidélité de la relation charnelle et affective des Parisiens à travers cinq lieux : le quai du RER B à la station Châtelet-Les Halles, le quartier de la Huchette, la rue Lagrange, le quartier des Peupliers et la place Pinel. La représentation que l’on se fait de ces espaces s’enrichit alors de dimensions multisensorielles, hédoniques et émotionnelles inhérentes à notre condition d’être qui sent. Cette relation aux lieux apparaît complexe, car cet être est à la fois un animal, un individu et un être social. Cette vision originale et décalée permet à l’auteur de poser des principes et des méthodes interdisciplinaires orientant chacun vers un urbanisme désirable ; elle donne des pistes pour construire une autre ville durable, loin de toute considération comptable fondée sur un bilan carbone, mais incorporant notre nature sensible.

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